Les tsunamis d’eau chaude

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Lorsque des mauvais liens sont « enregistrés »

Pour les « Zachary »



Un des enjeux les plus importants pour les enfants qui ont tendance à la désorganisation comportementale se situe au niveau de l’autorégulation émotionnel et cognitive, accompagnée d’un manque de stratégies devant les obstacles sociaux du quotidien. Ces deux sphères cognitives sont indissociables, dans le sens qu’une peut favoriser l’autre si on fait en sorte de les aider à se développer. Inversement, si une ou l’autre est limitée ou que des mauvais liens sont « enregistrés », les comportements et les perceptions de l’enfant seront inchangés. De même, si les approches d’intervention utilisées auprès de lui ne sont pas remises en cause malgré les difficultés qui perdurent, les difficultés pourraient même augmenter. Pourquoi ? Cause à effet naturel : simplement parce que la vie sociale et affective se complexifie en vieillissant. Et dû au fait qu’un déficit non travaillé à ce niveau, ne se règle pas par lui seul.

Les approches de type punitives, limitations, structures autoritaires imposées par l’adulte, ont très peu d’effet sur les causes à la base. Sur ce qui crée vraiment ces difficultés, soit ses capacités d’autorégulation socioémotionnelles qui ont besoin d’être mieux développées. Les comportements à défis des enfants, sont des conséquences de causes à effets (faibles capacités d’autorégulation = défis sociaux et comportementaux). Les comportements « inadéquats, ou problématiques », ne peuvent être transformés en comportements appropriés et bénéfiques, si la seule chose qui est donnée pour y répondre, sont des interventions punitives ou des conséquences négatives. Comparons les comportements difficiles à une mauvaise herbe. Si on arrache que la tige et les feuilles en laissant les racines, c’est inévitable, la mauvaise herbe repoussera! Souvent encore plus vigoureusement même, se sentant attaquée, devant survivre. En revanche, si on s’assure d’aller à la racine du problème, soit les causes qui apportent les défis, on augmente nos chances que la mauvaise herbe ne revienne plus. Mais comme tout bon jardinier le sait, si on laisse la terre tel quelle, d’autres herbes non désirées prendront la place. Lorsqu’on s’assure d’enlever toutes les racines possibles, et qu’en plus on met en terre de belles plantes qu’on fait grandir et qu’on nourrit, on pourra bien se retrouver dans peu de temps, avec un très beau jardin sous nos yeux !

Les neurosciences et les approches éducatives qui permettent de développer la pensée critique l’ont prouvé : les approches punitives utilisées à long terme, sans travailler les vrais besoins à la base, apportent l’effet de renforcer et souvent augmenter les comportements négatifs. Le cerveau peut tenter de NE PAS faire les comportements inadéquats pour éviter les conséquences. Mais ces interventions qui semblent fonctionner sur le coup, ne font pas en sorte de développer autre chose en retour. Faisant face aux mêmes défis sans autres stratégies en banque, se sentant attaqué ou malaisé, le cerveau refera naturellement les seules choses qu’il connait ! Et n’ayant rien appris vraiment, se contrôlant uniquement dû à la peur, pour éviter les conséquences négatives, ou par soumission, viendra un moment où seule la volonté ne pourra suffire. L’enfant et peut-être, celui-ci devenu adolescent, compensera son mal-être. Comme la mauvaise herbe, le sentiment d’injustice et d’incompréhension qu’il a vécu à répétition créera de la colère et de l’anxiété qui arriveront souvent sans prévenir. Le jeune n’aura pas compris d’où vient ses défis, ou ses traumas. Il se rebellera ou compensera. Ajoutons une attitude de victimisation et de « c’est la faute des autres » pour couronner le tout. Ce que ce genre de jeune démontre d’ailleurs assez régulièrement.

Quand on avance dans le développement de l’enfant vers l’adolescence, ces mêmes interventions peu efficaces pour gérer les situations difficiles qui perdurent, pourront même développer des comportements de rébellion et des impacts importants sur l’estime de soi. « Je suis victime des autres et des adultes. Peu importe l’effort que je fais, ce n’est jamais assez. Je suis toujours celui punit même si les autres ont fait pire… Alors pourquoi j’écouterais les adultes ou que je dois respecter les autres ? » Peut-être que l’enfant deviendra soumis, qui sait? Tout dépend de son éducation, de son vécu personnel et de sa personnalité. Les approches punitives à répétition cristallisent les sentiments de ne pas être écouté et de ne pas être entendu. Elles donnent l’impressions que malgré nos efforts, à la moindre erreur « on reçoit le pot et jamais les fleurs ». Les gens leur rappellent constamment toutes des anciennes situations qui sont arrivées. Pourquoi? Parce que nous n’avons rien fait pousser d’autre à la place dans le jardin. Parce que l’enfant c’est soumis devant l’autorité et les conséquences. Juste pour qu’on le laisse tranquille. Est-ce que l’enfant a réellement eu des prises de consciences? Très peu probable. Encore pire, il peut avoir enregistré qu’il est mauvais, ou qu’il est seul contre le monde. Comme adultes ont se dit que « l’enfant finira bien par apprendre ». Et bien non… Les racines font repousser d’autres mauvaises herbes et les problèmes s’étalent avec les temps. Et la grande question est : « Est-ce qu’on leur a appris autre choses que des conséquences ou des paroles parfois méprisante, ou contrôlantes?

Je crois sincèrement que les adultes, autant parents qu’intervenants ou enseignants, désirent le mieux pour les jeunes. Observer toutefois lorsque vous intervenez, si vous donner des commandes ou des « comment bien faire »? Des paroles négatives ou des encouragements à viser les bons comportements. Intervenez-vous en colère quand vous avez donné plein de chances vides de sens pour l’enfant, car vous n’êtes pas intervenu aux bons moments? La règles est clair. On avertir l’enfant que le comportements n’est pas le bon. On l’invite à se calmer au besoin. On lui donne les bons comportements à faire et on l’encourage positivement. S’il n’écoute pas, un premier avertissement. Il n’écoute pas : avertissement avec conséquence s’il recommence. Il recommence : conséquences. Par exemple, un retrait de l’activité. S’il y a un retrait ou un conséquence, expliquez-les seulement à l’enfant une fois tous les deux calmes. Maintenez toujours les conséquences. Si vous les jugez trop grosse avec recule, parler de la situation avec l’enfant. Faites toujours un retour lors d’importants moments de discipline. Rapetissez la conséquence, mais maintenez-là.

Que nous voulions se l’avouer ou non, un enfant qui a régulièrement des comportements à défis, qui se retrouve dans des conflits fréquents, finira assurément par se faire étiqueter « enfant à problème ». Il sera ciblé par les adultes, mais aussi par les autres élèves. Étant donné la fréquence des situations, la patience de tous diminue, et on finit par ne même plus prendre le temps d’analyser l’évènement. Encore moins de faire les interventions éducatives qui devraient suivre. Pour comprendre à situation, l’adulte se fie alors aux enfants perçus « non problématiques » pour juger la situation. Ne tenant pas compte que les autres enfants sont des enfants, et que leur maturité socioémotionnelle et leurs perceptions de l’évènement, sont aussi celles d’enfants. Donc, souvent déformées, manquant d’informations et de bon jugement, mais aussi égocentriques. Car dû à leur âge, ils ont encore beaucoup de difficultés à comprendre le point de vue des autres. Ce pourquoi, l’adulte doit être un juge honnête des situations lorsqu’elles arrivent et non se fier qu’aux premières impressions.


Quand l’émotion bout, ça risque de bruler

Revenons aux enfants envahis qui ont peu développer l’autorégulation. Lorsqu’il est dans une émotion forte, ou juste trop agité par exemple, il ne capte pas l’ensemble de la situation. Son cerveau est envahi par ce que les émotions lui font ressentir. Les émotions prennent toute la place et ne laissent aucun espace à la communication, à la réflexion et à la logique. Les émotions envahissant le cerveau. Il focus uniquement sur son propre vécu, sur ce qu’il ressent et « pense comprendre ». Pour mieux imaginer sont ressenti, pensez à une situation vécue où vous avez perdue tous vos moyens, envahi par la colère, la peur ou l’anxiété a des niveaux très forts. Cette situation vous a beaucoup marquée car elle était intense pour vous. La même situation était-elle intense et vécue de la même façon par les autres? Pas du tout! Peut-être même que les gens n’ont pas compris vos réactions, et pourquoi ça vous touchait autant. Peut-être même qu’une fois calmé, vous avez compris que votre réaction était disproportionnée. À l’inverse, peut-être l’avez-vous encore sur le cœur. Vous ressentez peut-être encore de la rancune de ne pas avoir été entendu ou reconnu? Qui sait vraiment à part vous-même?

            Étant donné que ses capacités de régulation socio-émotionnelle sont moins développées, et qu’il a un tempérament qu’on pourrait qualifier « plus impulsif », ce type d’enfant se retrouve souvent dans des situations d’intensité émotionnelle qui l’envahi totalement. Pour comprendre cet enfant, il faut garder en tête que son intensité émotionnelle devient trop forte et soudaine, même pour des choses que d’autres trouveraient bien banales. Pour lui cependant, peut-être qu’à ce moment précis quelque chose est arrivée « qui a été la goutte de trop ».  Par exemple, un examen difficile après un léger conflit de récréation la veille qui n’a pas été réglé, accompagné une classe trop bruyante… Tentant du mieux qu’il peut de se contrôler depuis un bon moment, sans pouvoir « décharger » toute cette charge émotionnelle et cognitive, le trop plein fini par déborder. La situation en tant que tel n’est souvent pas la source du problème. La plupart du temps, c’est l’accumulation de charges émotionnelles et cognitives mal gérées qui sont en grande partie responsables. Si on remplit un verre d’une goutte d’eau à la fois, même si c’est en faible quantité, à un moment, le verre finira par déborder. Et dans le cas de ces enfants, ce qui est une goutte d’eau pour les autres, est plutôt une cuillère à soupe pour lui. Comme deuxième ingrédient considérable, l’intensité et la rapidité de la hausse d’émotion qui sont explosifs. La réaction émotionnelle arrive comme un tsunami : elle peu prévisible et selon sa force, elle apporte des dégâts que l’enfant fini souvent par regretter.  Ce qui arrive souvent pour les jeunes TDAH, de type anxieux ou ayant des défis familiaux et scolaires par exemple.


L’autorégulation émotionnelle

Pour aider à comprendre les capacités d’autorégulation émotionnelle de notre cerveau, nous pouvons les comparer à une passoire. Une passoire sert à séparer l’eau bouillante pour conserver les pâtes. L’eau bouillante sera notre comparatif aux émotions. La passoire ressent l’eau bouillante qui est déversée, mais ses trous évacuent l’eau jusqu’à ce qu’il n’en aille plus.

Les émotions apparaissent pour nous donner des informations sur ce que nous vivons tout simplement. Nous les ressentons, les vivons, gérons la situation qui nous les faits vivre, pour ensuite laisser-aller et passer à autre chose. Comme l’eau, les émotions sont traitées par le cerveau et évacuées au fur et à mesure que le cerveau en comprend le sens, jusqu’à ce que notre état redevienne calme et habituel.  Agréables ou non, les émotions sont de simples messagères : seulement des informations. Les problèmes arrivent si le cerveau ne comprend pas bien le message des émotions, ou que ses perceptions sont biaisées. Comme si les émotions arrivent comme un tsunami : imprévisibles et destructrices.

L’émotion ressentie par l’enfant, qu’elle soit conforme à la situation ou non, l’amènera à interpréter la situation et à réagir en fonction de ce qu’il ressent et pense être vrai. Je me permets une parenthèse ici : Chaque personne pense que SA PERCEPTION est la bonne et qu’elle est LA RÉALITÉ. Si on continu sur cette réflexion, il est plutôt drôle de penser que chaque personne perçoit les choses différemment, et chaque personne a une vision de la réalité différente. JAMAIS nos cerveaux en viennent à être parfaitement synchronisés, percevant les choses du même angles, de la même façon, avec les mêmes connaissances, le même niveau de maturité, le même vécu personnel, la même mémoire pour se souvenir d’une situation, les mêmes capacités de réflexion, de déduction, le même inventaire de vocabulaire pour mettre des mots sur son vécu… L’Humain vit entouré de d’autres Humains. Mais aucun Humain n’a la même réalité. Chaque Humain est seul dans sa propre réalité. La fameuse réalité qu’on pense donc avoir, est en fait un exemplaire unique. Elle n’existe que dans notre tête. On peut donc conclure que finalement, personne n’a la bonne réalité en fait. C’est en mettant nos réalités ensemble, en les exprimant de la bonne façon, et en tentant sincèrement de comprendre celles des autres, qu’on peut se rapprocher le plus d’une « réalité » qui pourra être acceptée pour tous.

Revenons à nos émotions. Dans une même situation, une personne pourra ressentir de la colère, l’autre de l’anxiété et une troisième sera complètement indifférente. La personne colérique sera très certainement celle qui attirera le plus l’attention. Il faut garder en tête que parfois, la colère peut être l’émotion la plus justifiée de ressentir selon un certain contexte. La colère, comme toute émotion, est importante et elle est utile pour notre système de survie. Si la perception de la personne est qu’elle a vécu une grande injustice, ou bien que l’autre cherchait le trouble en l’insultant, que la personne ressente de la colère à ce moment est parfaitement logique. Aussi longtemps que la violence sous toute ses formes ne soit pas utilisée, la colère est légitime et à sa raison d’être.

J’imagine tous les commentaires et les réactions semblables à ceux-ci qui pourraient ressurgir ici.  « Pas parce qu’il est en colère qu’il peut s’opposer. Pas parce qu’il est en colère qu’il peut hausser le ton. Pas parce qu’il est en colère qu’il peut lancer son efface. » Peut-être n’aimerez-vous pas ma réponse, mais la voici : Dire à quelqu’un en colère de ne pas « s’opposer » ou de garder un ton de voix « correct », est la même chose que de dire à quelqu’un qu’il n’a pas le droit de pleurer s’il est triste. Ou de sourire s’il est heureux. De se ronger les ongles s’il est nerveux. La colère a aussi le droit d’avoir ses réactions physiques. Il y a une différence importante dans le niveau d’intensité de la colère. La plus basse est la frustration, qui est normalement facilement gérable par tous, sauf peut-être pour les tous petits. On pourrait qualifier la colère de niveau intermédiaire. Déjà à ce niveau d’intensité, de l’adrénaline est libérée dans notre système. Le but est de faire battre notre cœur plus vite, pour apporter davantage de sang aux muscles et au cerveau. Les poumons respirent plus intensivement. Nos pupilles s’ouvrent davantage pour avoir un champ de vision plus grand. Pourquoi? Pour être prêt à réagir rapidement et à se défendre au besoin. Lorsque la colère amène la personne à être enragée, un effet de rétrécissement se produit dans la vision, qui donne un effet d’entonnoir. Comme la mire d’un fusil ou une cible, comme si tout autour devient gris-noir, pour ne rester que LA CHOSE qu’il faut attaquer. Et à ce moment, on peut vraiment dire que nous redevenons des animaux. Peu importe ce qui passe devant nous, rien ne nous empêchera de détruire la cible.

Tout simplement parce que la colère est liée à la « réalité personnelle » de la personne. Sa réalité ait du sens pour nous ou non. Que nous jugions que la personne ait tort ou non. Que ce soit disproportionnée ou non. Revenons à l’enfant ayant des défis émotionnels et sociaux : dans une situation, à votre niveau, vous êtes étendu sur la plage, la mer est calme et le ciel est bleu. Mais à ce moment même, dans la réalité de l’enfant, sa plage est détruite par un tsunami et ce n’est pas calme du tout! 

De dire à un enfant qui est profondément en colère, ou même à un adulte, qu’il « exagère dans sa réaction », que « c’est de sa faute si le problème est arrivé », qu’il est impoli parce qu’il parle brusquement, ou qu’il « roule les yeux » subissant notre sermon sur son comportement pendant des heures, ce sont des façons super efficaces de mettre de l’huile sur le feu!  Vous voulez que la crise soit interminable, perdre BEAUCOUP de votre énergie et de votre temps, et que le tsunami fasse encore plus de dégât? « Je veux que tu te calmes tout de suite, écoute mes consignes et baisse le ton de ta voix! Peut-être dites-vous plutôt à l’enfant : « j’argumente avec toi. Peut-être même que je te blâme pour la situation, sans réellement la comprendre dans son ensemble. C’est toi le problème et personne d’autres. Tu es un mauvais enfant ». Et si vous y aviez un rôle à y jouer. Positivement pour lui apprendre, ou négativement en renforçant les comportements de l’enfant? Vos propres comportements, souvent de plusieurs adultes autour de l’enfant, apportent des impacts nuisibles. Ou l’incompréhension proviennent des adultes? Peut-être même un diagnostic chez l’enfant qu’on refuse d’admettre ou de s’en occuper? Et surtout, peut-être que des interventions d’enseignements de la vie positifs ne sont pas donnés à l’enfant.

Si les chemins ne sont pas faits, créons-en de nouveaux!

Tout n’est pas perdu. Surtout pas pour l’ensemble des enfants qui veut vraiment apprendre et développer leurs capacités socio-émotionnelles. Les enfants absorbent les apprentissages et les stratégies enseignées. Ils souhaitent vraiment développer leur potentiel personnel. C’est par les apprentissages socio-émotionnels, une meilleure compréhension de leurs vécus et ceux des autres, ainsi qu’une possibilité de travailler en prévention qui feront vraiment le travail. Ce processus est du long terme, dans le sens qu’une ou deux interventions ici et là, apporteront peu d’impact. Si nous attendons toujours que l’eau bouillante soit vidée en catastrophe dans la passoire, les gens qui veulent aider seront pris dans un processus sans fin à gérer des moments de crises émotives. 

En conclusion

En plus d’être désagréables et difficiles à vivre autant par l’enfant que par les gens autour, le fait de revivre ce cycle de façon répétitive en s’intensifiant dans le temps, fini par devenir intégré, solidifié, et enregistré, comme réaction automatique. Le pattern comportemental est alors gravé. Et une fois gravé, si on ajoute tous les éléments négatifs qui ont accompagnés les moments de crises émotionnelles, le pattern comportemental devient de plus en plus profond et incrusté. Alors, de renverser le processus devient très difficile. Ce pourquoi une fois adolescent et adulte, il devient difficile de changer les patterns et les comportements solidifiés. Si à l’inverse, nous prenons chaque situation d’eau bouillant en interventions préventives et que nous sautons sur l’occasion pour faire un bel apprentissage de vie pour l’enfant, et aidons à faire le ménage que le tsunami à fait sans trop l’avoir compris, on retrouve une plage calme autant pour l’enfant que pour nous.

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