Mieux comprendre le haut potentiel
Par Rachel Ouellet
Chez tous les êtres humains, il existe deux types de pensées: soit la pensée convergente et la pensée divergente. La pensée convergente suit un ordre logique et linéaire pour trouver une solution à un problème. Une réflexion plus simple de causes à effets, qui suit une logique prévisible. Un plus un donne deux: et voilà!
La pensée divergente met plutôt en avant les associations d’idées. Elle permet de trouver plusieurs solutions qui n’ont parfois rien à voir avec l’élément de départ, qui peuvent être hors sujet face au problème, mais qui amènent la réflexion dans des zones encore inexplorées. C’est un peu comme la boutique de jouets de la créativité. Stimulante, colorée, où toutes les options sont permises. Que du régal pour le cerveau ! Et comme disait Einstein : « La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse. »
Les personnes très créatives vont énormément utiliser cette forme de pensée, surdouées ou typiques. Mais ayant naturellement un cerveau avec une connectivité cérébrale performante, la pensée divergente est régulièrement utilisée par les personnes ayant un haut potentiel. De plus, le traitement de l’information est plus rapide et le cerveau se fatigue moins à la tâche. Donc la pensée divergente devient une belle échappatoire de la monotonie et de l’ennui. Mais parfois les personnes HP se font avoir par ce cerveau qui aime un peu trop penser : elles n’arrivent plus à le calmer !
La pensée divergente qui est essentielle pour toute réflexion créative, est régulièrement nommée la pensée en arborescence lorsque nous parlons de haut potentiel intellectuel. Mais ce serait une erreur de penser qu’elle n’appartient qu’aux doués. Pour expliquer simplement celle-ci, nous pouvons l’imaginer comme d’un type de pensée en forme de réseau. La pensée part d’une idée centrale, qui se divise en sous-idées, prenant chacune des directions différentes, qui se diviseront aussi par la suite en d’autres chemins de réflexion, selon les découvertes et les pensées qui auront ressurgit en cour de route. Un peu comme l’expression « tous les chemins mènent à Rome », sauf que dans ce cas-ci, on inverse le processus. Rome est l’idée de départ et elle s’étend dans de multiples chemins, qui nous font voyager dans d’innombrables contrées et pays, tous différents.
La pensée divergente apporte une activité de réflexion importante, globale et créatrice. Elle apporte une réflexion large qui englobe de nombreux détails, dans des sphères très différentes de réflexions, en gardant toujours son point de départ, mais aussi en allant dans des chemins nouveaux. Les sphères de réflexions apportent à leur tour de nouvelles informations, qui ouvriront d’autres chemins. La pensée divergente crée des idées, qui apporteront d’autres idées, qui feront encore ressurgir plus d’idées! Pour l’imager, on parle souvent de pensées en trois dimensions.
Étant donné qu’une image vaut mille mots, en voici une pour mieux comprendre ce type de réflexion.
La pensée divergente est extrêmement créatrice et fait comprendre au HP des choses qui seront assurément plus complexes et riches. Car elle permet de sortir de la boîte, d’analyser des points de vue différents, dans une liberté totale de réflexion. Elle permet de tenir compte d’un ensemble de données, qui une fois associées entre elles, amèneront peut-être à de nouvelles théories et de grandes découvertes.
Ce type de pensée peut toutefois être dérangeant en classe. Par exemple, lorsque l’enseignant tente d’expliquer une chose simple à tout le groupe, qu’une partie des élèves tentent encore de saisir. Si le petit coco doué profite d’un texte que l’enseignant à lu pour expliquer la structure de base d’un poème, et que l’enfant HP bien inspiré par le contenu, souhaite entamer une grande discussion sur sens de la vie, l’enseignant pourra trouver ses commentaires intéressants, mais dérangeants. Car il n’a pas toute la journée pour passer sa matière, et les commentaires de l’enfant font dévier les explications qu’il tente de donner.
La pensée divergente amène le doué à penser à plusieurs choses en même temps. Souvent éloignées de la matière enseignée, ce qui peut le rendre moins à l’écoute en classe. Il part dans sa réflexion, qui le mène sur de nouveaux chemins, et qui sont souvent plus intéressants pour lui que ce qui lui est présenté. Ça peut le rendre inattentif et donner l’impression qu’il est fréquemment dans la lune.
Un enfant HP qui s’ennuie régulièrement en classe, pourra prendre comme stratégie de fuir dans ses réflexions, qu’il trouve beaucoup plus stimulantes. Il pourra même donner l’impression d’avoir un trouble de l’attention par exemple. Il peut manquer une grande partie des explications données en classe et ce, depuis plusieurs années, comblant aux examens ses lacunes d’inattention, par sa grande intelligence qui finit par déduire l’information à donner. Si cette stratégie pour s’occuper l’esprit est une de ses préférées, il l’utilisera assurément pour faire face à l’ennui. Elle peut même avoir comme conséquence, que l’enfant prenne du retard académique. Particulièrement pour celui qui accorde très peu d’intérêt aux performances scolaires et qui fuit dans ses pensées depuis longtemps.
Pour un doué plus actif en classe, il pourra donner l’impression d’avoir fréquemment des commentaires hors sujet, ou qui s’éloignent trop des objectifs visés par l’enseignant. Il est difficile pour un adulte doué de comprendre qu’il réfléchit différemment des autres, et que ce n’est pas tout le monde qui pense comme lui. C’est encore plus difficile pour l’enfant de le saisir. Il pourra alors lever la main, croyant que son commentaire est ultra-pertinent, pour se faire réencadrer par l’enseignant, qui ne voit pas du tout où il veut en venir. Mais dans la tête du petit doué, qui croit avoir trouvé peut-être une idée inédite, il comprend difficilement pourquoi l’adulte le remet à sa place, repoussant son commentaire du revers de la main.
Alors pourquoi le HP est associé à la pensée en arborescence, ou plutôt devrions-nous dire à la pensée divergente ? Probablement parce que nous apprécions utiliser ce type de pensées. Et ayant un cerveau qui utilise moins d’énergie, ayant des connections neurologiques différentes et qui est plus actif dans ses réflexions, ce type de réflexions est probablement celui qui nous procure le plus de plaisir et qui répond à notre soif de comprendre toujours plus loin ! Vous vous demandez de quels types de connexions neurologiques que je vous parle, ou pourquoi nous utilisons moins d’énergie ? Et bien vous le saurez en achetant mon livre sur le haut potentiel des éditions de Mortagne en septembre 2021 ! 😉
*Sources:
https://journals.openedition.org/rechercheseducations/840
https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0829573519853672