Comment guider l’enfant surdoué en classe
Écrit par Rachel Ouellet
Chaque enfant à son potentiel, chaque enfant à ses défis. Mais d’offrir un seul fonctionnement nuit autant aux enfants ayant un haut potentiel intellectuel, qu’aux enfants avec un rythme d’apprentissage plus lent. De mettre tous les enfants dans le même panier, n’est pas une solution saine pour favoriser le plein potentiel de l’ensemble de nos jeunes. Si l’enfant a besoin de plus d’explications, plus d’outils et plus de pratique pour réussir, il doit recevoir les moyens qui lui sont nécessaires. L’enfant « typique » qui performe bien à l’école, qui doit régulièrement s’adapter aux besoins particuliers des autres enfants (académiques ou comportementaux), a lui aussi des impacts sur sa scolarisation. Il doit attendre, être patient et s’ajuster en fonction de tous les besoins des élèves de sa classe. Le doué se retrouve en haut du palmarès des élèves qui doivent attendre patiemment. Son intelligence laisse entendre parfois qu’il a tout pour réussir, qu’il devrait s’escompter chanceux et attendre sans se plaindre. Mais cette vision normative et égale pour tous, force l’apprentissage en général « à devenir beige ». Neutre. Sans adaptations qui répondraient aux besoins uniques des élèves. Et de tout mélanger ensemble finit par devenir chaotique. L’apprentissage « beige » vise que tous les enfants finissent l’école avec les mêmes connaissances, les mêmes idées, ayant été développés de la même façon. Ce qui est tout le contraire de la diversité humaine! Chaque individu à son propre fonctionnement, à ses propres forces et défis, à ses propres habiletés et pourra à sa façon, apporter ce qu’il souhaite à ce monde.
Il y a une grande différence entre l’égalité et l’équité. L’égalité est que tous les élèves doivent apprendre la même chose, de la même façon, malgré leurs compétences différentes. Tous doivent répondre aux mêmes critères, malgré des besoins et des particularités diverses. L’égalité est quand tout le monde a du pain et en même quantité. Qu’on aille faim ou non, qu’on souffre de carence ou qu’on ne soit pas capable de tout manger.
L’équité est de répondre aux besoins des élèves selon leurs particularités et leur façon d’apprendre. Pour que tous puissent avoir la même chance de réussir, mais différemment. Pour que les élèves dotés de caractéristiques différentes, puissent être traités en conséquence de ces différences. De donner à tous, toujours de la même façon, sous-entend de viser « un moule commun », où chaque personne doit pouvoir s’adapter pour y trouver son compte, qu’il en soit capable ou non, que ce moule lui permette de s’épanouir ou non.
Ce n’est pas égoïste de vouloir stimuler davantage des jeunes brillants qui auront beaucoup à donner à la société en retour. Comme ce n’est pas égoïste de prendre soin des élèves qui ont des besoins d’apprentissages différents, d’y répondre en conséquence et de leur laisser plus de temps pour avancer. Comme on ne demanderait pas à un enfant avec des prothèses de courir aussi vite que les autres. Ça ne sous-entend pas qu’il ne peut pas marcher par lui-même et qu’il puisse réussir à terminer la course avec un peu plus de temps. Et les enfants qui ont des compétences d’athlètes olympiques pour apprendre, il est plutôt triste de leur demander de ne pas exprimer ces belles forces. Il est d’ailleurs particulier qu’on détecte tôt les futurs athlètes et que nous les entraînions spécialement pour qu’ils développent leur plein potentiel, mais qu’au niveau de l’intelligence, nous ne trouvons pas nécessaire de le faire. Et si en cour de route, par ennui, désintérêt et manque d’estime, nous perdions une quantité phénoménale de futurs « athlètes intellectuels » ? Ainsi que tout ce qu’ils auraient pu redonner à la société.
Une personne intelligente surdouée ou non, n’est pas celle qui retient par cœur une multitude de connaissances. Être capable de se souvenir, n’est qu’une preuve de bonne mémoire. La personne intelligente est celle qui l’utilise. Celle qui comprend qu’elle n’a pas compris et qui cherche à comprendre. Celle qui connaît son intelligence et ses possibilités : elle sait comment la mettre à profit. Pour qu’elle soit un avantage dans toutes les sphères de sa vie. Le vrai signe d’une belle intelligence, est surtout ce qu’on en fait ! Alors ne perdons pas ce beau potentiel et apprenons à bien le nourrir.
Pour vous aider à repérer et à bien guider vos élèves surdoués, voici un tableau pour différencier l’élève avec de la facilité en classe de l’élève doué.
L’élève avec de la facilité
- Il aime répondre aux questions et montrer ses connaissances. Il connait les réponses.
- Il démontre de l’intérêt à ce qu’on lui apprenne des choses.
- Il a de bonnes idées qui sont en lien avec ce qui est traité.
- Il écoute avec intérêt et valide ce que l’adulte dit.
- Il fait partie des meilleurs élèves au niveau académique et apprend facilement.
- Il aime jouer et être avec les autres enfants. Les pairs sont très importants pour lui.
- Il fait tous ses devoirs et exercices avec enthousiasme.
- Il aime l’école et fait les efforts nécessaires pour réussir.
- Il suit les consignes, fait ce qui est attendu dans les projets et dans le fonctionnement prévu.
- Il absorbe l’information, mémorise facilement, généralise ses apprentissages.
- Il est un élève éveillé, enthousiaste et réceptif.
- Il va se référer à l’adulte, tenter de comprendre son point de vue et répondre à la demande.
- Il est très apprécié des enseignants.
- Ses excellents résultats et son bon fonctionnement en classe contribuent fortement à son estime de soi.
L’élève avec une douance (haut potentiel intellectuel)
- Il veut discuter et élaborer le sujet. Il pose des questions, peut-être dans des sujets indirects à ce qui est enseigné (pensée en arborescence).
- Il démontre de la curiosité face au sujet présenté, mais aime apprendre par plusieurs médiums et non uniquement par l’enseignement de l’adulte.
- Il a des idées ou des questions souvent peu conformes, qui « sortent de la boite ».
- Il questionne, élabore, précise et ajoute des détails.
- Il a des opinions affirmées et argumente s’il trouve son idée plus pertinente.
- Il est souvent en avance sur le groupe. « Il sait déjà » ou comprend du premier coup. À l’inverse, il semble désintéressé et s’implique peu dans l’apprentissage typique.
- Il préfère souvent l’adulte ou les enfants plus vieux. Il choisit d’être seul plutôt qu’avec des pairs trop différents de lui. À l’inverse, il peut être un leader positif et grandement impliqué dans les activités parascolaires par exemple.
- Il se « débarrasse des exercices » et voit les devoirs comme une répétition inutile et ennuyante.
- Il aime apprendre sur tout. En revanche, il ne fera pas d’effort s’il juge que cela n’en vaut pas la peine. Ou à l’inverse, performer et réussir est très important. Il vit l’échec difficilement.
- Énormément d’intérêt à partir des projets. À laisser aller sa créativité comme il l’entend.
- Il manipule l’information, la transforme, l’utilise pour faire d’autres liens.
- Il est observateur, créatif et innovateur.
- Il apprécie les défis intellectuels et la possibilité d’apprendre de façon autodidacte. Il suit « sa logique » et ce qui a du sens à ses yeux.
- Il peut laisser perplexe les enseignants car malgré son intelligence, l’élève ne démontre pas son plein potentiel dans les exigences classiques en éducation. Il peut être rebelle ou ennuyé face à l’enseignement typique, voir être dérangeant en classe. À l’inverse, il peut être un leader positif et inspirant en classe.
- Les notes sont peu importantes pour lui. Son estime de soi est basé sur l’importance que les gens donnent à ce qu’il a à offrir et à ce qu’il crée.