L’enfant autiste qui a peu de mots
Écrit par Rachel Ouellet
L’enfant, peu importe ses particularités, est un petit être qui apprend à devenir grand. Il nait rempli d’innocence et de curiosité. Il ne sait pas comment fonctionne le monde et fait confiance à celui-ci pour prendre bien soin de lui. Il a un désir profond et inné de développer son plein potentiel pour trouver un équilibre et se construire une vie harmonieuse. Mais il a tout à apprendre.
Et lorsque nous n’avons pas encore développé la parole et une bonne compréhension de ce monde, la seule possibilité de communication reste le comportement pour exprimer ses besoins.
La communication par les comportements est le premier langage à développer chez tout être humain. Les comportements sont la première forme de communication possible. Concernant l’enfant autiste, il faut garder en tête qu’ils peuvent être l’unique façon de communiquer pour une bonne partie d’entre eux. Ajoutez une déficience intellectuelle à la personne et il reste peu de possibilité de communication tel qu’on l’utilise dans notre vie de tous les jours.
Lorsqu’il nous reste que les comportements pour se faire comprendre, c’est tout-à-fait normal que ce soit la façon choisit par l’enfant autiste de le faire. Il y a de bons comportements pour se faire comprendre, c’est-à-dire qu’ils sont acceptables en société. Comme en allant vers le frigo pour indiquer que nous avons faim par exemple. Il est important de comprendre toutefois que les comportements restent très limités comme forme de communication. Comment pouvez-vous communiquer que vous êtes fatigué, indisponible ou que vous voulez faire une activité précise? Comment se faire comprendre autrement que par nos gestes et nos actions si nous n’avons pas les mots? Même chose lorsqu’on a besoin d’aller à la toilette. Sans mots, que pouvons-nous faire ne serait-ce que pour demander où elles-sont?
Il est très important de garder en tête que les comportements sont souvent uniquement ce qui reste pour les enfants autistes non-verbaux. Plusieurs troubles du comportement sont créés par manque de compréhension de leurs besoins et dû à leurs limites de communication. Même si les comportements sont négatifs, il faut toujours garder en tête qu’ils expriment quelque chose.
Il est essentiel de comprendre l’importance des comportements dans la communication. Les comportements expriment toujours un besoin sous-jacent. Et c’est à ce besoin que nous devons répondre. C’est pour lui que nous devons trouver une façon adaptée de l’exprimer pour la personne autiste. Boire, manger, aller à la toilette, prendre une pause lorsqu’on se sent indisponible, sont des besoins de base qu’on ne peut pas oublier. Il est important d’abandonner nos perceptions que le jeune autiste non-verbal développe ces comportements pour « tester les limites » ou faire à sa tête. Ils ont tellement de défis! Ne leur ajoutons pas celui d’avoir à se battre pour ce faire comprendre. Prenez le temps de voir ce que la personne autiste tente d’exprimer. Elle aussi peut être fatiguée. Elle aussi peut avoir envie. Elle aussi peut avoir mal à la tête ou vouloir changer d’activité. Elle aussi peut être autonome et avoir du pouvoir sur sa vie. Observez les comportements avant d’y répondre par davantage d’encadrement et de contrôle. Tentez de voir ce qui a besoin d’être exprimé. Pour une personne autiste non-verbale ce sont la plupart du temps des besoins de base. Ce ne sont pas des caprices. Il est important d’étudier les comportements sans les teinter de nos perceptions typiques. Pensons comme une personne autiste pour les aider. Il est essentiel de trouver des façons adaptées comme un cahier de communication ou en utilisant un tableau de choix pour aider l’enfant à s’exprimer par exemple. Aussi pour encourager son autonomie. Pour lui redonner le peu de pouvoir qu’il peut avoir sur sa vie.
Le TSA étant un trouble important de la communication, n’est-il pas notre devoir de les aider à mieux communiquer? Surtout il faut éviter de répondre négativement à leurs tentatives souvent malhabiles de s’exprimer. Car lorsque l’enfant n’a que les comportements pour le faire, ses tentatives seront rares, souvent inefficaces et mal comprises. Il faut saisir toutes les opportunités possibles pour maximiser les chances qu’il communique encore plus. Il faut laisser tomber notre besoin de rester dans la structure et de garder le contrôle. Soyez spontanés et à l’écoute. Suivez l’enfant dans ses comportements pour tenter de voir où ils vous amèneront. Et fort probablement qu’ils vous amèneront à la source réelle, soit tout simplement à ce qui a besoin d’être communiqué.
Nous parlons des enfants autistes non-verbaux, mais les comportements peuvent être aussi une des seules façons que l’autiste verbal a pour s’exprimer lors de difficultés importantes. Particulièrement lorsqu’ils vivent des surcharges, de l’anxiété ou des incompréhensions. Lorsque l’enfant autiste perd ses moyens et devient complètement indisponible, les comportements sont souvent les derniers moyens possibles pour être compris.
Ce qu’il faut retenir est que sans la parole et les mots, les comportements sont souvent la seule source de communication possible. Que l’enfant autiste exprime quelque chose de positif ou de négatif, ce qu’il tente d’exprimer est important à considérer. En voyant les comportements comme une forme de communication, nous évitons alors de les voir comme une perturbation ou un manque de volonté. Comme des comportements pour déranger ou s’opposer à la demande. Les comportements cachent toujours des besoins et une tentative, je l’avoue limitée et peu efficace, de se faire comprendre. Et lorsque que nous saisissons le besoin, nous pouvons alors y répondre. Y répondre mais aussi enseigner à l’enfant à l’exprimer d’une façon plus adaptée.