La flexibilité cognitive et la déduction concrète chez la personne autiste

La flexibilité cognitive et la déduction concrète chez la personne autiste
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Ce n’est pas une « rigidité » mais un manque de connexions entre les informations

Écrit par Rachel Ouellet


Le manque de flexibilité cognitive et les capacités de déduction sont des aspects souvent abordés lorsqu’on parle du spectre de l’autisme. Un manque de flexibilité cognitive et une faible déduction apporte inévitablement une réflexion différente et limitée.


Mais qu’est-ce que la flexibilité ?

La flexibilité cognitive désigne la capacité de passer d’une tâche cognitive à une autre, d’un comportement à un autre, en fonction des exigences de ce qui doit être fait. Elle permet de réfléchir à plusieurs possibilités pour résoudre les problèmes et faire les actions de notre vie de tous les jours.


Et la déduction ?

La déduction expliquée simplement, est l’action cognitive de prendre plusieurs informations et de les transformer mentalement, afin de comprendre les résultats ou les conséquences possibles une fois reliées. Ainsi le cerveau peut analyser toutes les conclusions possibles selon son raisonnement et ses connaissances, afin de choisir la meilleure action à faire ou les meilleures réponses à donner.

Un manque de flexibilité et de déduction apporte des impacts plus ou moins importants selon si elles sont relativement bien développées ou au contraire, très peu développées.


Ce qui est observé chez la personne autiste verbale ou non, lorsque celles-ci sont limitées :

  • Rigidité dans les comportements au quotidien
  • Accepte peu le changement
  • La personne ne modifie pas sa façon de faire même si on tente de lui en apprendre une autre plus efficace
  • Tente de contrôler les actions des autres
  • Refuse de déplacer les objets ou rituels importants
  • Peu de logique ou de déduction même pour des choses simples (ex : quoi faire si elle ne trouve pas quelque chose)
  • La personne imite mais crée peu de chose par elle-même
  • Elle ne tient pas compte de l’approche de l’autre
  • Elle peut refuser l’aide ou les explications. Ne va pas chercher du soutien
  • La personne va cesser l’activité si elle ne la comprend pas, voire se désorganiser si on insiste
  • Monte en anxiété ou en crise de colère si les choses ne fonctionnent pas
  • Peu d’intérêts
  • N’arrive pas à trouver des solutions par elle-même. Soit elle abandonne, soit elle s’entête souvent jusqu’à la crise
  • Répète souvent les mêmes choses
  • Apprend en général encore très « copier-coller »
  • Pose peu de questions, sauf peut-être dans ses intérêts ou dans choses concrètes du quotidien
  • Souvent période de plus grande anxiété que par le passé dû au manque de flexibilité et aux exigences qui augmentent en grandissant
  • Réagit beaucoup aux comportements des autres qu’elle ne comprend pas

Mais tout n’est pas perdu !

La flexibilité et la déduction se développent. On peut les travailler peu importe l’âge et le niveau de compréhension de la personne TSA. Ce sont les deux points que je travaille le plus chez mes clients autistes. Il y a une « fausse rumeur » en TSA selon moi. On croit qu’on doit tout faire pour ne pas changer les choses, pour éviter les imprévus et les problèmes de compréhension. Alors on installe un environnement et une façon de faire « rigide », selon le mode d’emploi TSA de la personne. Et c’est normal car nous voulons éviter les crises ou les situations problématiques.

Oui il faut s’assurer que la personne comprenne son environnement et ce qui est attendu d’elle, mais éviter de modifier, changer et découvrir d’autres choses, fait en sorte avec les années de rendre encore plus rigide la personne autiste.


La solution : Développer par le plaisir et l’expérimentation la flexibilité et la déduction concrète


Voici quelques interventions gagnantes pour stimuler ces capacités:

  • Travailler la comparaison et l’association des choses de la vie de tous les jours avec des photos (ex : le lit peut faire partie de la catégorie des meubles mais ce qu’on retrouve aussi dans la chambre comme le toutou)
  • Apprentissages des options (ex : on peut boire dans un verre, une tasse, un gobelet…)
  • Transformez les activités et les jeux, modifier les choses connues, ajouter de l’information à ce que la personne connait déjà… en petite dose une à la fois 😉
  • Faire des jeux de logique visuelle (ex : Castle Logix, Code Couleur…)
  • Préparez la personne aux alternatives possibles avant de vivre une nouvelle expérience. Ajoutez-en aux expériences déjà vécues
  • Augmentez ses connaissances générales par des vidéos, documentaires, images, jeux…
  • « Jouer avec l’information » (ex: un camion de pompier peut être classé dans les moyens de transport, mais aussi dans la catégorie de choses rouges comme une pomme. Il peut représenter un métier…)
  • Faire des devinettes. Toujours débuter avec des images en support avec les indices écrits sur une feuille ou un tableau effaçable par exemple
  • Utiliser internet, des petits vidéos, des livres imagés, des jeux qui ciblent les apprentissages visés
  • Faire des jeux de représentation 2D à 3D
  • Faire des activités où les choses se transforment (ex: petites expériences scientifiques ou de la cuisine)
  • Jeux de mimes simples
  • Enseigner à la personne à aller chercher l’information plutôt que de le faire pour elle si son niveau de compréhension le permet (ex: « Viens on va aller voir sur Google »)
  • Enseignez à identifier les erreurs
  • Enseignez à trier l’informations pertinentes et non-pertinentes

Toujours, toujours, toujours utiliser du soutien visuel comme des photos, vidéos, objets à manipuler, dessins, tableau à classer, démonstrations… pour faciliter les apprentissages.

Et ce qui est très important à retenir est que plus la flexibilité et la déduction sont développées, plus la personne TSA pourra apprendre et moins les comportements « rigides » seront observés. Plus l’accès à l’information sera grandi. Et il n’est jamais trop tard pour les développer.