Les journées de « fin du monde »

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Les crises anxieuses chez l’enfant TDA(H)

Écrit par Rachel Ouellet

Pour faire suite à l’article sur les crises de colères chez l’enfant TDA(H), Quand notre enfant se transforme en Hulk, voici un texte sur « Les crises de fin du monde ».

Faisant partie des impacts du TDA(H), les crises colorent parfois notre quotidien. Soit de type colérique ou de type anxieux, nos cocos peuvent nous en faire voir de toutes les couleurs. Ces périodes viennent et repartent dans une forme de cycle. Étant une maman chanceuse, j’ai le droit aux deux types. Ça rend mes journées diversifiées et jamais banales. Après avoir réussit à calmer Hulk, je passe à la gestion de mon grand qui se met en mode « de fin du monde ».

Le ciel va nous tomber sur la tête!

Normalement relaxe, rationnel, joyeux et positif, dans ces périodes mon plus grand perd ses moyens. Un petit événement qui est arrivé avec un ami à l’école, qui normalement il aurait traité sans problème, devient si grand dans son esprit qu’il n’arrive plus à dormir. Ou de faire une petite tâche simple qu’il peut faire les deux doigts dans le nez, se transforme en ascension du mont Everest.

Tout est trop compliqué, trop difficile, trop stressant. « Ça va prendre toute la journée. Je finirai jamais! Non mais tu comprends pas. »

Bon… Dans les faits c’est juste cinq minutes, mais il est intraitable. Et justement, quelque chose qui prend cinq minutes si on s’y met, finit par prendre une heure tellement tout devient compliqué.

Et arrive aussi des moments de crises existentielles. Et je ne sais pas pourquoi, mais c’est toujours quand c’est l’heure de se coucher qu’il décide d’ouvrir le sujet.

  • « Maman, pourquoi on n’arrête pas de polluer. On va tous mourir en 2050.
  • OK… C’est précis ça! Es-tu certain que c’est pas en 2051?
  • Arrête de niaiser. C’est le réchauffement climatique. Ça va être la fin du monde! »

Pauvre coco. C’est difficile de porter le poids du monde sur ses épaules.

Vient aussi les douleurs mystérieuses

  • « Maman j’ai comme une rougeur sur mon pied. Je pense que c’est quand j’ai été pied nu sur le gazon. J’ai surement marché sur quelque chose et c’est peut-être infecté. En fait, je pense que ça me fait mal. Si ça ne guérit pas, est-ce qu’on va aller chez le médecin ? ».

Et moi qui cherche la rougeur, parce qu’on ne sait jamais, et qui ne voit que des ongles d’orteils qui devraient être coupés. Mais il ne faut pas que je banalise le tout car la « fameuse rougeur » devient alors encore plus grande et fera assurément plus mal.

Sans oublier la peur du noir, la couverture qui est mal placée et le bruit qu’il entend. En fait, mon conjoint et moi blaguons en disant que notre aîné à peur d’avoir peur.

Cet autre « enfant »

Mais ce qui est particulier est que ça vient par passe. Nous avons environ un mois de grand préado si autonome, assuré, confiant et organisé, qui relève tous ses défis haut la main, pour passer à un coco qui semble avoir perdu cinq ans de maturité pendant la nuit et qui a peur de tout.

Comme les crises de colère, je vois les périodes de la fin du monde comme un moment à traverser qui finira par passer. Parce que le TDA(H) est cyclique. Dans leurs périodes creuses, mon plus jeune est irritable et colérique et mon plus vieux, anxieux et désorganisé.

Et mon conjoint aussi

Et mon homme c’est les deux. Davantage irritable et impatient normalement, il a aussi ses passes de fin du monde. Quelque chose qu’il fait si facilement habituellement, devient le plus gros des problèmes.

Le tuyau de l’évier coule un peu. Notre maison est complétement « scarpe » et part en ruine. Je lui dis que je suis certaine qu’il est capable de le réparer car il l’a déjà fait souvent. Et bien non. Il va falloir faire venir un plombier et ça va coûter des milliers de dollars! Il va falloir qu’il fasse de l’over au travail. On a payé la maison trop cher. On aurait dû la faire mieux inspecter et ainsi de suite. Même si je tente de lui faire entendre raison, rien n’y fait.

Mais j’ai appris avec lui. Attendons quelques jours et ça va passer. Ça passe toujours donc je le laisse se faire ses scénarios catastrophes. De toute façon, il n’écoute pas. Et juste comme ça, un soir que je rentre du travail, il me dit qu’il a réparé le tuyau. En fait il était mal ajusté.

Ouf… Notre maison est pas scrape! 😉

Mais je les aime mes trois « H ».

L’anxiété est réelle

Ces périodes anxieuses doivent être prises au sérieux. Pas nécessairement dans ce qu’ils disent, parce que souvent c’est amplifié et complètement surévalué comme problème. Mais nous devons toutefois être à l’écoute de leur anxiété. Car elle est vraiment réelle! Ils la ressentent vraiment et elle prend beaucoup de place.

J’ai cessé de vouloir les sécuriser car de tout évidence, ça ne sert à rien. Et comme a dit Einstein : « Seul un fou refait toujours la même chose en s’attendant à avoir de nouveaux résultats ».

J’ai plutôt opté pour les écouter sans jugement, car ils ont vraiment besoin d’en parler. Quand ils commencent à se répéter toutefois, je les ramène dans le moment présent. Dans le pouvoir qu’ils ont sur la situation. Mais aussi, je leur rappelle qu’ils sont dans une passe anxieuse et que ça va passer.

« Tu sais mon coco, dans ces moments-là, tu t’imagines toujours le pire. Un petit problème qui ne te dérange même pas habituellement, devient vraiment gros dans ta tête. »

Je l’invite alors à se concentrer sur l’anxiété qu’il ressent et non sur les scénarios catastrophes imaginaires et disproportionnés qu’il se fait.

Le problème c’est l’anxiété. Donc, on focuse à calmer son anxiété. Je l’invite à prendre un bon bain, à venir avec moi se coller sur le divan, à aller jouer au LEGO… C’est surprenant comment les LEGO sont utiles dans ma vie! Pourquoi pas un massage et des pressions profondes ou une bonne comédie. Ça change les idées.

Et je lui explique que nous reparlerons de ses questionnements lorsqu’il se sentira mieux. Ça ne sert à rien de résoudre des problèmes quand on est anxieux. On prend de mauvaises décisions et on déforme les choses.  

Étape # 1 : On se calme et se change les idées

Étapes #2 : On attend de retrouver vraiment nos esprits

Étapes #3 : On réfléchit et demande de l’aide au besoin, et on se met en action pour régler le problème s’il y a lieu

Une fois qu’ils se comprennent mieux, c’est beaucoup plus facile

Identifier et comprendre ses périodes creuses a fait un gros changement dans notre vie familiale. Ils se reconnaissent dans ces moments, prennent leurs moyens et ces passes sont moins compliquées à gérer. En plus, ils s’entraident.

Mais une chose qui est vraiment drôle, c’est qu’on dirait qu’ils se synchronisent. Ils ont leurs bugs TDA(H) en même temps. Autant dans leurs périodes de crises que dans leur hyperactivité.

Et quand les trois sont hyperactifs et énergiques en même temps, je les envoie dans le sous-sol faire leurs activités de boys. Et moi je reste en haut, en prenant une coupe de vin blanc devant une bonne vielle reprise!