Les distracteurs de tempêtes émotives

Les distracteurs de tempêtes émotives
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Lorsque qu’il y a un court-circuit dans les émotions

Par Rachel Ouellet


Ça y est, il y a des courts-circuits dans les zones émotives du cerveau de votre enfant ! Rien de ce que vous dites ou faites ne fonctionne. Quelle soit de type colérique ou anxieuse, que l’enfant ne soit juste plus du tout disponible pour traiter ce qui se passe en lui et autour de lui, une crise émotive est très difficilement calmée par les paroles ! Vous perdez votre temps et donnez encore plus d’énergie à la tempête. Les « court-circuits émotifs » ne vont que vous électrocuter en amenant votre enfant à avoir un langage inadéquat, vous pousser, frapper, crier encore plus fort… et même se coucher au sol en faisant la danse du ver de terre qui a bu trop de boisson énergisante ! Bref, cessez de vouloir argumenter, de lui dire de se calmer ou de le rationaliser : trop tard, la tempête est arrivée. Voici un des trucs dans les plus efficaces que j’ai trouvé en vingt ans de carrière auprès de jeunes avec des besoins particuliers, auprès de personnes avec des troubles de comportements, et même pour les « crisettes » de mes propres fils lorsqu’ils étaient petits : faites dévier le trop plein d’énergie cognitive de la zone émotionnelle, vers la zone sensorielle.

Lors de tempêtes émotives, il faut dévier l’énergie du cerveau vers une autre section qui n’est pas envahie. Dans une zone puissante qui crée des distracteurs de choix, soit les régions sensorielles. Le but n’est pas de récompenser l’enfant qui fait une crise de colère ou qui est trop excité par exemple, mais de calmer efficacement la tempête émotionnelle au plus vite ! Ensuite, lorsque la tempête est terminée, nous pourrons faire de vraies interventions efficaces, faire faire des apprentissages à l’enfant et réparer les dégâts. Souvenez-vous, l’enfant et même l’ado, doit « pratiquer » à vivre et à gérer ses émotions. Il doit vivre des épisodes de pertes de contrôle pour éventuellement arriver un jour à savoir comment reprendre le contrôle par lui-même. Et avec le temps, arriver même à les éviter. Particulièrement pour les tous petits et les enfants avec des besoins particuliers. La colère et l’anxiété, ou toute autre émotion désagréable par ailleurs, doivent se vivre pour être éventuellement maîtrisées. Chaque émotion est légitime et se doit d’être exprimée. C’est la façon dont on l’exprime qui peut être toutefois inadaptée.


La crise est cognitive: tout se passe dans le cerveau

Revenons dans le cerveau de votre enfant : une tempête fait rage présentement ! La tempête se vit dans les zones émotives et plus rien n’arrive à fonctionner dans cette région neurologique. L’idée ici, avec des « distracteurs sensoriels », est de prendre l’énergie cognitive en surcharge qui se trouve dans les zones émotives, et la réorienter dans les zones sensorielles, qui elles sont à cet instant très peu utilisées et très zens. Elles sont amplement capables d’en prendre davantage.



En crise, le chemin qui passe par les émotions est complètement congestionné et inondé. Il y a des glissements de terrains, le vent et les éclairs déferlent. Ouvrons alors une route qui redirige « l’énergie cognitive coincée dans cette surcharge émotive », pour l’orienter vers une route tranquille et libre comme l’air. Parfaitement prête à absorber toute cette énergie. Un autre avantage, est que les sensations apportées par les « distracteurs de tempêtes » sont positives, agréables et calmantes. Rien de mieux que de bonnes vieilles sensations qui n’exigent aucune réflexion pour être ressenties et qui sont assez importantes pour attirer l’attention du cerveau ailleurs que dans les zones émotives. Assez attrayantes pour prendre la place de la colère ou de l’anxiété lorsque le cerveau subit une tempête. Car il est vraiment inutile, contre-productif et même un peu absurde, de dire à quelqu’un en crise totale, enfant ou adulte, de « se calmer ». Si la personne pouvait le faire, je crois qu’elle l’aura fait bien avant pour éviter cette tempête émotionnelle. Et de lui dire de le faire, est souvent qu’une goutte de plus qui peut faire grandement déborder le vase.

Lorsque le cerveau est redevenu calme, que la tempête est réellement terminée, on ramasse les dégâts et on fait les apprentissages nécessaires. Et oui, il y en aura certainement ! Vous avez accompagné l’enfant dans une crise émotive. Donc, peut-être a-t-il ou a-t-elle dit des choses inadéquates. Peut-être a-t-il ou a-t-elle lancé et brisé des choses. Bien souvent, il faut faire un retour sur la situation qui est arrivée auparavant et qui a créé la tempête: comme un bon vieux conflit d’enfants qui s’est mal terminé. Lorsque l’enfant est calme, c’est le bon moment pour faire un retour éducatif sur la situation. Pour vous aider, je vous propose d’utiliser le mode d’emploi « Faire un retour efficace » que vous trouverez dans la boutique Hapax. Cet outil vous guide dans la démarche éducative d’apprendre aux jeunes à analyser la situation qui a apporté une crise ou un conflit. De lui permettre de nommer sa perception des choses, de comprendre celle de l’autre, de trouver la source du problème et finalement, corriger la situation, ainsi que de développer de nouvelles stratégies pour l’avenir. Mais en attendant, voici quelques « distracteurs de tempêtes » maintes fois testés pour calmer les cerveaux émotionnellement désorganisés et qui font mouche presqu’à chaque fois.  


Les objets à manipuler

Les objets à manipuler sont de bons transformateurs de tempêtes mentales, à de la bonne vieille énergie physique de base. La stratégie: faire bouger le corps pour dépenser le trop plein cérébral. On pousse, on tire, on écrase, on transforme, peu importe, l’objet à manipuler fait son travail. Pour une colère qui a besoin d’être déversée, de l’anxiété envahissante ou une hyperactivité qui veut absolument bouger, occuper les mains et les yeux apporte de bons résultats. Balles anti-stress, sabliers liquides, animaux étirables, Boinks à manipuler, Pop it, cubes serpents, masseur pour doigts ou Mini Loopeez, en voulez-vous en voilà ! Étudiés et créés pour la régulation sensorielle et favoriser l’attention, ces objets sont aussi fort utiles pour gérer les émotions. Lorsque des jeunes entrent dans mon bureau en colère, très anxieux ou juste surchargés, je leur tends mon panier d’objets à manipuler. Ils sont habitués à les utiliser pour se calmer, peu importe leurs besoins. Et lorsque je les sens assez réceptifs pour discuter, ils continuent de les utiliser pour les aider à s’exprimer et pour trouver leurs mots. Faites-moi confiance, un enfant parle beaucoup plus avec un objet dans les mains qu’il ou elle peut tripoter. Cela enlève aussi une partie du stress ou de la gêne au besoin. Bref, à mes yeux, ils sont des atouts à avoir en mains ! Sans jeu de mots.



Le projecteur d’étoiles

Vous voulez créer le calme serein de l’immensité astrale pour aider les jeunes et moins jeunes à se réguler ? Et bien, dans votre bureau comme intervenant (e) ou pour les parents dans la chambre de votre enfant, vous pouvez avoir une galaxie à portée de main. Il y a une panoplie de projecteurs de toutes sortes : galaxies multicolores, ciel étoilé, jeux de lumière captivants… Encore une fois, vous serez servi ! Une très grosse partie du cerveau humain s’occupe de gérer uniquement les informations visuelles. Nous pouvons clairement dire que la vue est notre sens le plus précieux. Elle saura comment transformer la tempête émotionnelle de votre enfant, en un spectacle de feux d’artifice qui attirera certainement son attention. Très bon outil pour se réguler, pour calmer la colère, l’anxiété, les idées obsédantes, le stress, l’hyperactivité, les surcharges sensorielles, voire même les tristesses. Un visuel captivant et calmant qui ne pourra qu’apporter comme résultat, le retour au calme. Si en plus vous fermez les lumières et que le jeune peut s’asseoir au sol, encore mieux se coucher, vous aurez un effet encore plus puissant !



La lampe à fibres optiques

Un jeune d’une douzaine d’année, a nommé que cette lampe « l’hypnotisait ». Qu’elle captait son attention et faisait partir « tout le mauvais » (sa colère et son agitation). Le nombre de crises de colère, d’anxiété, de surcharges ou de bonne vieille hyperactivité mal gérée qui ont été calmées par cette lampe, ne sont plus calculables. Si on tamise les lumières, c’est encore plus efficace ! Accompagnée du projecteur d’étoiles et on a le summum de l’efficacité visuelle du retour au calme. Cette lampe a un effet magique chez les petits et les grands. Et le fait qu’on puisse passer nos doigts dans les fibres lumineuses, ce qui procure un effet ajouté de sensoriel au niveau tactile assez intéressant je dois avouer, rend l’expérience encore plus efficace. Souvent à piles, l’enfant peut se déplacer avec la lampe dans les mains. Donc, s’il n’est pas encore dans l’état assez calme pour s’asseoir, rien ne l’empêche de marcher de long en large dans le local, avec la lampe pour s’aider à se recentrer. Même les adultes, vous aimerez j’en suis certaine !



Balançoire suspendue et masseur portable

Pour les plus tactiles ou proprioceptifs, les grands « must » sont la balançoire suspendue et le masseur portable. Parfaits pour recentrer l’enfant dans son corps, dans ses ressentis physiques et dans le mouvement. Un des nombreux avantages de la balançoire, est qu’elle donne l’effet « cocon » et coupé de l’environnement, parfait pour se calmer. Aussi, le mouvement délicat du va et vient, amène le corps et l’esprit à la zenitude, c’est assuré ! Même les adultes les affectionnent.

Une autre bonne façon de l’utiliser, autre que pour la régulation émotionnelle, est pour faciliter le sommeil. Rien de mieux que le balancement délicat et un ciel étoilé pour s’endormir. Les balançoires viennent normalement avec tout l’équipement pour être accrochées n’importe où, tant que le plafond soit solidifié. Donc, de se balancer avant de se coucher, avec une petite musique de fond, pourra faire partie d’une routine pré-sommeil des plus gagnantes.  

Le masseur portable est un passe-partout, autant pour recentrer l’enfant dans son corps pour les hyperactifs, pour calmer les grands anxieux et distraire de la colère les petits volcans. L’enfant peut par lui-même passer le masseur partout sur son corps, mais rien de mieux que dans le dos, les cuisses et les pieds. Effet calmant assuré, le masseur peut aider très certainement lui aussi dans la routine du sommeil.



Comment bien les utiliser ?

Plusieurs autres « outils distracteurs » peuvent grandement aider dans la régulation des émotions. Je vous ai présenté mes préférés et ceux qui ont été maintes fois testés. Autant pour les plus jeunes que pour les adolescents, ils font partie des stratégies gagnantes de régulation émotionnelle. Il est important toutefois de comprendre comment les utiliser. Il ne faut pas les voir comme des récompenses, mais plutôt comme des moyens stratégiques de retours au calme. Des outils pour gérer les émotions fortes lorsqu’elles arrivent. Tous ces outils doivent être utilisés à des fins d’intervention, dans le sens que les jeunes ne peuvent pas les prendre pour seulement s’amuser. Me concernant, je leur explique l’utilité, pourquoi ils aident et comment les utiliser. Je leur fais remarquer les effets qu’ils ont eu sur eux. Par exemple: « Vois-tu à quel point tu t’es calmé rapidement avec la lampe à fibre optique ». Je leur fais tester plusieurs outils différents et je les amène à réfléchir sur les impacts qu’ils ont eu sur eux. Vient rapidement l’autonomie du jeune, où il peut choisir par lui-même son moyen lorsqu’il ou elle a besoin, ainsi que pour les raisons qu’il ou elle en a besoin. Car il y a une grosse différence entre être trop agité, versus être en colère ou triste par exemple. Très rapidement ils comprennent le principe de leur utilité.


Les outils doivent toujours rester spéciaux, dans le sens qu’ils ne doivent pas traîner dans le coffre à jouets et devenir un objet sans importance. Ils doivent être présentés dans les bons moments où ils sont utiles et quand ils doivent faire leur travail. Une autre façon de les utiliser, autre que de leur fournir au besoin, est de créer un coin calme à l’école ou à la maison, où l’enfant va pour se calmer et prendre ses moyens. Pour les plus vieux, ils peuvent très bien utiliser leur chambre en la décorant d’une lampe à lave ou à fibres optiques. Pourquoi pas avec un jeu de lumière, et pour les plus chanceux et chanceuses, une balançoire suspendue, et au besoin, pouvoir les utiliser pour revenir dans la zenitude !